Le revenu universel est certainement une chose à laquelle ont pensé de nombreuses personnes depuis la création de la monnaie et du travail.
Dans les sociétés anciennes ainsi que dans les tribus qui encore actuellement n’utilisent pas d’argent et font peu de troc, vivant même quelquefois encore en autarcie, les ressources alimentaires et le travail sont équitablement distribués afin que toute la communauté en ait le profit. D’un effort commun, la fabrication des cases et la chasse sont faites par les hommes et les travaux de cuisine et de ramassage des aliments « végétaux » sont faits par les femmes. Et même si la case du chaman ou du chef de tribu est plus grande que les autres. Les différences ne dépassent pas beaucoup cela. Les travaux sont uniformément répartis et les conditions de vies des membres de la communauté sont toutes à peu près identiques.
Au fur et à mesure de l’évolution des sociétés, le troc a fait son apparition puis lorsque l’échange n’était plus possible ou pas directement, dans le même temps, une valeur a été donnée à chaque chose par des signifiants représentés par des objets abondants et sans valeur. Ce subterfuge a permis ces échanges « différés » qui est la base de tout le système de commerce et de valorisation mondial. Les cauris sont un bon exemple de ces monnaies car ils ont été utilisés pendant au moins 1 500 ans aussi bien dans les pays africains que dans certains pays orientaux à certaines périodes de leur histoire.
Par malheur, l’invention de la monnaie et l’évolution des sociétés ont modifié l’équilibre entre les personnes qui, à la place d’être basé sur un temps de travail juste et identique pour tous, n’est maintenant basé que sur la valeur de l’argent et tous les métiers ne sont plus à égalité de valeur.
Par là même, les possibilités de ceux qui ont de l’argent deviennent le vecteur d’inégalités et de pouvoir. L’héritage est aussi un facteur de déséquilibre entre les gens car la personne reçoit en héritage quelque chose qui ne correspond ni à ce qu’elle fait ni à son travail. Alors que ceux qui n’ont pas d’héritage doivent construire tout au long de leur vie ce que les autres ne font que faire fructifier ou dépenser sans compter.
Pour limiter ces effets pervers, certaines sociétés comme par exemple les sociétés indiennes ou mongols réalisent au printemps un grand nettoyage qui consiste à jeter tout ce que leur intérieur contient afin de revenir à l’essentiel. Les biens de ces sociétés nomades étant peu de choses cela permettait par exemple de ne pas accumuler des objets inutiles ou vieux et usés et à déménager après l’hiver sans charges inutiles.
De nos jours, certaines fêtes ou traditions sont encore associés à cela comme la fête de Norouz dans les pays d’influence perse et zoroastrienne ou chez nous, les brocantes du printemps par exemple.
Dans certaines sociétés comme les sociétés agricoles, même si les récoltes sont faites indépendamment par propriétaire. Une partie de la récolte est mise en commun pour les gens n’ayant pas de terre ou n’ayant pas les moyens physiques de cultiver mais aussi en prévision des risques de famines qu’il peut y avoir d’une année sur l’autre.
Cet aspect n’existe plus dans nos sociétés modernes où chacun ne travaille que pour lui et sa famille. La prise en charge des déficients est faite à un niveau plus haut et contribue à l’absence d’empathie et de compassion envers son prochain. Soit la personne sait se débrouiller seule soit elle est écartée de la vie courante et mise dans un établissement spécialisé comme les maisons de retraites et autres Ephad pour les personnes agées ou dans des centres spécialisées ou en famille d’accueil pour les enfants et les adolescents. Par malheur entre deux, c’est un peu le vide. Il suffit de voir comment sont traités les SDF ou les personnes ayant des difficultés sociales pour s’apercevoir que c’est la loi du plus fort qui domine et qu’on est réellement dans une société égoiste.
Je disais tout à l’heure que certainement cet aspect du travail, de l’échange de matières, d’objets, de compétences est la trame de nos sociétés modernes mais actuellement c’est au détriment du partage et de l’équilibre entre les personnes et depuis une trentaine d’années lorsque les effets pervers de la 2ème guerre mondiale se sont tassés (reconstruction complète d’une grande partie de l’Europe, du Japon, guerres de territoire, idéologiques ou économiques, s’épuisant actuellement) on arrive maintenant dans des sociétés de consommation pure dans lesquelles le système ne tient que parce que l’on force à la consommation par la création incessante de nouveaux produits, l’obsolescence programmée, la spéculation boursière, le marketing outrancier qui permet à des sociétés comme Google, Amazon ou encore Alibaba de croitre sans bon sens au risque de mettre la planète en danger. Il suffit de comprendre ce que sont en train de faire les politiciens dans nos pays dit civilisés pour s’apercevoir qu’on va de plus en plus vers une société individualiste ou chacun devra s’assumer et s’il n’en a pas la possibilité alors… On est au bord du gouffre.
Pourtant et c’est le sujet de cet article, depuis longtemps des personnes pensent à comment rééquilibrer les ressources entre les hommes. Les philosophes grecs ont certainement écrit là-dessus sans que j’ai un exemple en tête mais plus proche de nous on pourrait prendre comme exemple Thomas More et son livre Utopie dans lequel il nous parle d’une île imaginaire gérée par des lois qui sont amenés à corriger l’injustice et la misère sous toutes ses formes. Je recommande ce livre dont bien sûr l’ensemble offre plus une vue de l’époque sur la justice et l’humanisme (fin XVème – début XVIème siècle) mais certaines pensées rendent son livre aussi moderne que les paroles de tel ou tel philosophe de notre époque.
Un peu plus proche de nous est l’écrit de l’anglais Thomas Paine « la justice agraire » qui prône un revenu minimum. Ce petit écrit est en fait un mode de calcul de ce que devrait toucher une personne X si elle était considéré comme propriétaire d’une terre à égalité avec toutes les personnes sur terre. la superficie des terres émergées est d’environ 150 millions de km2 et la surface des océans de 360 millions de km2. Il y a environ 7,6 milliards d’humains sur terre donc chaque personne est copropriétaire de 1/7,6 milliard de l’ensemble des terres émergées et des océans soit une surface de terres de 1,97 ha environ et pour la surface en eaux de 4,7 ha environ. Cette approche qui a été élaboré par le parcours de Paine de son pays natal aux Amériques en pleine conquête de l’ouest et à la révolution française montre bien le sens de l’équité qu’il a développé de son parcours de vie. Il rejoint en cela Voltaire dans son compte philosophique « l’homme aux quarante écus ».
Pour pousser un peu plus loin le pamphlet de Thomas Paine on pourrait imaginer maintenant que chaque personne étant propriétaire d’un bout de terre et de mer pourrait en faire l’usage qu’il veut et créer par ces décisions des sanctuaires pour la faune et la flore ce que font certaines associations en achetant des terres qu’elle remettent à la vie sauvage avec une vue écologique et de respect de la nature.
Et si l’écrit de Thomas Paine ou le conte de Voltaire était revisité à la sauce moderne, Les terres n’ont plus beaucoup d’importance dans une société d’argent, de finance et de spéculation. La terre et les ressources de la terre sont une copropriété partagé entre chaque humain mais les revenus des ressources et la spéculation financière qui s’en suit est l’apanage de grosses multinationales qui s’arrogent le droit de détruire cette terre pour leurs seuls gains personnels, leur croissance depuis les 30 dernières années est là pour le démontrer. Ils deviennent plus puissants que des états et leurs principes créent des zones de non droits partout sur terre. Ils s’infiltrent dans les administrations en soudoyant et font émerger des lois qui font régresser le progrès social. Les syndicats et les partis politiques n’ont plus beaucoup de poids et les mouvements citoyens sont durement punis même dans les pays dits civilisés.
Les produits de consommation sont équitablement partagés entre les classes sociales et même si une personne est mille fois plus riche qu’une autre elle n’utilisera pas mille téléphones en même temps. Les consommateurs sont donc les dindons de la farce dans cette affaire. bien sûr certains produits n’existeraient pas si ces sociétés ne mettaient pas sur la table des grosses sommes mais la finalité est toujours la même : Tout pour eux rien pour les autres. Je parlais de cet aspect du capitalisme pour dire que ce qui était vrai pour la terre il y a 250 ans à peine n’est maintenant plus qu’un caillou lancé dans une mare.
Bien sûr, chacun pourrait être heureux d’avoir un terrain pour son usage personnel et un bac d’eau pour faire trempette et beaucoup ne saurait pas quoi en faire, ayant toujours habité en appartement, sans jardin et peut-être n’aimant ni la mer ni la campagne. Alors qu’avoir une part du revenu du capital et pouvoir en tirer bénéfice est certainement mieux. C’est un peu ce que propose le revenu universel : apporter à chacun la part qui lui est dû de ces immenses revenus du capital. Le consommateur est le premier concerné vu que c’est lui qui achète les produits qui sont fabriqués par les entreprises et ils sont donc le moteur de l’économie. en aucun cas le milliardaire chef d’entreprise n’est le moteur de sa société. Il suffit de voir comme exemple le cas d’APPLE dont la mort de Steve Jobs n’a aucunement fait capoter l’entreprise mais bien attiser le désir (exacerbé par le marketing) des utilisateurs d’acheter les produits et les services de la marque à la pomme.
Je proposerai donc de remplacer ou plutôt de complémenter la vue de Thomas Paine par un partage des revenus du capital et du PIB des états. Pour le PIB mondial on est en 2018 aux alentours de 85 000 milliards de dollars américains soit environ avec une population de 7,6 milliards d’habitants sur terre un PIB moyen par habitant de 11 200 dollars qui divisés par mois donnerait un montant de 932 dollars par mois. Cela me semble un bon chiffre. On peut aussi faire le calcul avec le produit national brut de chaque pays et trouver un équilibre entre ces paramètres pour trouver la solution.
Au XIXème siècle, ce sont les mouvements de pensées issus de la révolution industrielle qui amena certains à imaginer un revenu universel. En premier, je citerai Joseph Charlier et son livre « Solution du problème social ou Constitution humanitaire » dans lequel il annonce les grands principes sociaux des socialistes de l’époque plus précisément Charles Fourier mais diffère avec celui-ci considérant que ce revenu de base devrait être payé à chacun sans condition de travail alors que Fourier considérait lui que de ce fait les hommes risquaient de devenir fainéants ce que pensent encore je pense notre président actuel. Cela a été repris par John Stuart Mill dans son « Principes d’économie politique avec leurs applications en philosophie sociale ». Pendant ce siècle, les multiples et premières doctrines socialistes dont l’ensemble a été regroupé sous le nom de socialisme utopique ont émergé en Europe sous la plume de théoriciens tels que Robert Owen en Grande-Bretagne, Saint-Simon, Charles Fourier, Étienne Cabet et Philippe Buchez en France. En même temps des patrons d’industries ont appliqués ces principes à leurs propres entreprises tel Jean-Baptiste Godin pour le familistère de Guise ou celui de Laeken. Je citerai aussi mais à rebrousse-poil l’œuvre de Henri De Gorge avec la création du site du Grand-Hornu, près de Mons (Belgique), dont le principe se rapproche de celui des familistères de Godin avec 30 ans d’avance. Pourtant pour Henri de Gorge, ces idées avancées ne lui ont pas toujours servi car pour avoir créé une ligne de chemin de fer à traction animale plutôt que de continuer avec des charrettes à roues libres, il dû subir une révolte ouvrière qui lui fit perdre une grande partie de ses biens (maison, installations industrielles et chemin de fer). La raison en est la perte de travail d’une grande partie des charretiers sans compensation. L’attribution d’un revenu de base à l’époque aurait permis certainement à ces gens de prendre moins à cœur la perte de leur travail.
Nous approchons du but.
Au début du XXème siècle, un homme pourtant habitué au capital et en phase avec le pouvoir, le banquier et industriel Jacques Duboin se fait le chantre d’une nouvelle économie par son analyse des flux de production et parle alors de structures distributives en remplacement des structures échangistes et de proposer « le droit à la vie de chaque individu par le versement à chacun, de sa naissance jusqu’à sa mort, d’une quote-part du revenu national ». Ce qui rejoint mon analyse ci-dessus.
Après la guerre, c’est en Amérique du Nord qu’on retrouve ce principe en particulier par Milton Friedman qui réussit à mettre cette idée dans la tête de Richard Nixon qui la proposa au Congrès qui la refusa. Je mets ci-dessous une citation trouvé dans Wikipédia :
« Le « prix Nobel d’économie » Milton Friedman, fondateur du monétarisme et critique du keynésianisme, défendait l’idée dans Capitalisme et liberté (1962). Il s’agissait pour lui d’éviter l’effet pervers de la solution – dirigiste, bureaucratique et peu transparente dans ses utilisations – d’un empilement d’allocations sociales créant, selon lui, un esprit d’« assistanat », voire de mendicité, plutôt que de matérialiser un droit inhérent de la personne. »
Ce que je pense bien entendu depuis de nombreuses années.
Actuellement de multiples voies se font entendre pour la mise en place d’un revenu universel, de base, d’impôts négatif. Mais quelque soit le nom donné à ce principe, il doit réellement permettre aux personnes le touchant d’améliorer leurs vies et non pas les soumettre comme le fait actuellement le RSA. Dans votre vie, vous avez de multiples occasions d’avoir des difficultés financières, des soucis de santé, une perte de travail, des problèmes psychologiques liés à un fait particulier et dans ces situations non seulement cela vous appauvri mais vous devenez pour tout le monde un moins que rien et comme les gens ont les mêmes problèmes que vous (ou pas mais qu’ils le croient), vous aurez toutes les difficultés à vous en remettre n’ayant aucune aide même de vos proches. A ce moment là, le fait de pouvoir conserver son logement ou d’en trouver un autre facilement, de ne pas avoir de jugement de ceux qui ne vous connaissent pas (ou même qui vous connaissent très bien), de pouvoir manger sainement, de pouvoir se soigner si tel est le besoin sans crainte de tout perdre, de prendre des vacances pour évacuer vous aidera certainement à remonter en selle plus vite. Je pense que le revenu universel est bon dans toutes les situations et même des personnes gagnant beaucoup d’argent ou ayant eu un héritage important peuvent se retrouver dans une situation qu’ils ne peuvent pas gérer à un moment de leur vie. Ce revenu est une évolution normale de la société au regard de la baisse du marché du travail. des conditions de plus en plus difficile de se loger en ville.
Si vous me lisez n’oubliez pas que vous pouvez un jour être dans le besoin et à ce moment là…