Dans le court post d’introduction d’hier concernant la création d’une langue, je me demandais si c’était bien utile et s’il ne fallait pas plutôt apprendre une langue déjà existante plutôt que d’en créer une.
Et si mes efforts ne servent à personne au moins il me serviront à moi.
Une langue demande quelques étapes avant d’être parlée.
La première est certainement un vocabulaire. Pouvoir nommer les objets, les êtres vivants, les aliments est certainement ce qu’une personne apprend le plus rapidement dans une langue.
Exemple :
Vous êtes gamin et vous passez vos vacances dans un camping en campagne. Vous vous ennuyez au bord de la piscine et cela fait deux jours que vous remarquez une jeune fille et son frère qui se retrouve là en même temps que vous. Pour aller à la piscine, de votre village de vacances, vous empruntez un chemin et à chaque fois, ces deux loupiots sont dans vos pas ou alors c’est vous qui les suivez. Le garçon se moque de vous et sa sœur vous regarde avec insistance en souriant doucement aux âneries de son frère. Un matin, vous vous prenez les pieds dans une racine de pin et vous tombez nez à nez avec ces deux là et le garçon rie à gorge déployé alors que sa sœur outré de son attitude le sermonne dans une langue inconnu. Elle se précipite vers vous et vous parle dans un charabia dans lequel il vous semble reconnaître de l’anglais puisque malgré tout vous n’êtes pas si ignare que cela. Assise à vos pieds et vous, tenant votre genou blessé à deux mains, une drôle de conversation démarre. Elle vous parle de façon volubile et vous montrez votre étonnement à ne pas comprendre ses phrases sinon peut-être un ou deux mots par-ci par-là que vous avez déjà entendu dans une chanson anglaise répétée inlassablement sur votre lit sans avoir jamais voulu la traduire et connaître son secret. Et vous vous retrouvez là comme deux ronds de flan (3 en fait) à ne pas savoir ce que dit l’autre. Heureusement le garçon sous ses airs de gavroche effronté parle un peu le français et commence à faire l’interprète. La première chose est de se nommer comme on peut le voir dans les films où le héros approche une tribu inconnue et qu’il veut s’y faire accepter. Dès cette période passée et que vous intégrez le groupe — ici en l’occurence, deux bouts d’chou de votre âge. Un dialogue étrange se fait. On vous parle mais vous n’y comprenez rien alors on vous détaille les choses une à une avec force « montrer du doigt » et gestes visant à vous faire comprendre les actions décrites par les mots. et vous voilà, debout soutenu par vos deux nouveaux amis à aller vers la piscine où le maître nageur appliquera sur votre genou du désinfectant et vous mettra un pansement grossier et mal seyant.
Bien sûr, ce jour là vous ne vous baignerez pas mais vous aurez fait la connaissance peut-être de votre plus belle amitié.
Bon revenons à nos moutons, à nos mots (et oublions nos maux), à notre vocabulaire. Le reste de vos vacances, vous les passerez avec ses deux là; à la piscine bien sûr, mais aussi par les chemins tranquilles de cette belle campagne du sud-ouest, et il viendront vous chercher et vous de même en échange et de rester pour un déjeuner ou un barbecue chez vos parents ou les leurs.. À chaque fois que vous les verrez, les échanges seront basés d’abord sur l’apprentissage de vos langues respectives afin d’arriver à vous faire comprendre par le langage et ne pas devoir reconnaître telle ou telle action ou tel et tel objet par la vue et les mouvements de votre interlocuteur. Et à la fin des vacances, vous aurez en tête certainement plusieurs centaines de mots courants vous permettant de vous entendre; je veux plutôt dire de vous comprendre mais l’un et l’autre devraient être liés.
Fini les vacances, on continue notre article.
En fait, lors de ce passage de votre enfance, non seulement vous avez appris des mots dans une langue inconnue un mois avant et vous avez appris aussi à les lier entre eux par de savants stratagèmes. Vous vous souvenez tous de cette base qu’on vous a répétée mille fois en primaire lorsque vous appreniez à écrire : « sujet-verbe-complément ». C’est par cette base que vous avez appris à faire des phrases construites et maintenant à tenir vos blogs et autres rapports d’entreprise. À la fin de vos vacances, vous aurez surement appris à baragouiner dans la langue de votre interlocuteur même si des efforts de conjugaison et de syntaxe s’imposent à vous qui maintenant devez écrire pour maintenir le contact si bien démarré aux beaux jours — ou plutôt si mal puisque vous aurez toujours cette cicatrice sur le genou vous rappelant votre risible chute. On appelle cela la grammaire. Et la grammaire, c’est la base du discours.
Après ces deux éléments que sont le vocabulaire et la grammaire vient, je pense, la conjugaison. La conjugaison est ce qui permet de situer vos actions dans le temps.
Je suis, j’étais, je serai. Présent, passé, futur. En tout 9 modes rien que pour cela en français, agrémentés de quelques facéties que sont les autres modes de conjugaison, l’impératif, le subjonctif, le conditionnel. On les appelle les modes personnels auquels se rajoutent les modes impersonnels que sont l’infinitif, le participe et le gérondif. En tout une vingtaine de modes pour s’exprimer à tout les temps et dans toutes les situations.
Après viennent l’orthographe, la syntaxe et tout ce ce qui peut faire d’une langue un ensemble servant à se faire comprendre.
Maintenant, prenons notre petit test de l’article d’introduction. Vous aurez je pense compris que les deux premières locutions sont la conjugaison au présent des verbes être et avoir.
mes, tes, les, nes, ves, leles (prononcez « mess ») correspondant à je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont. Il est simple de faire le rapport entre les deux par l’homonymie entre la forme en français du verbe être à la deuxième personne du singulier et sa représentation dans ma nouvelle langue. De plus, la première lettre sur les vocables 2 à 5 permet de savoir facilement qui fait l’action et se rapporte bien sûr à leurs correspondances françaises : t comme tu, l comme il, n comme nous, v comme vous; pour le premier, j’hésitais entre le i et le j pour je. J’ai opté finalement pour le m de moi qui permettra je pense une meilleure prononciation mais aussi une meilleure affirmation de ce qui est dit; pour le dernier, la répétition du l sous la forme lel permet une reconnaissance immédiate de la forme plurielle. Ce qui est une bonne chose.
Pour la deuxième phrase, on utilise le même système pour le verbe as (avoir).
Les pronoms personnels sont contractés avec le verbe dans un soucis d’efficacité de représentation de la phrase. Sur des verbes ne commençant pas par une voyelle, on aurait la même orthographe que sur les formes interrogatives des phrases 3 et 4.
Pour l’instant, il n’y a pas de forme particulière masculin-féminin à la troisième personne du singulier et du pluriel et pas de pronom indéfini comme peut l’être en anglais it.
Le dernière phrase est bien sûr la célèbre pensée de Hamlet dans la pièce éponyme de Shakespeare : « Être ou ne pas être, telle est la question » qu’on traduit aussi par « Être ou ne pas être, là est la question ». L’utilisation de let inverse de tel mais aussi forme diminué de là est permet aussi une concision intéressante. Peut être même aurais-je pu seulement écrire let questo, une forme la plus brève possible. Nous remarquerons aussi l’absence d’article pour le mot questo. En faut-il un ? Je vous laisse répondre.
En dernier, la forme négative du verbe être. Sa forme infinitive est la même que le présent es. le négatif est représenté par un r (comme « rien » car je ne pouvais pas réutiliser le n de nous) mais je pense que le r va très bien à moins que je me trouve ennuyé par la suite dans mon développement. On peut donc représenter la forme négative au présent du verbe être ou es :
me res, te res, le res, ne res, ve res, lele res.
et la forme interro-négative :
res me ? res te ? res le ? res ne ? res ve ? res lele ?
J’aurai pu écrire aussi : re mes, re tes, re les… ou utiliser un autre mot pour la forme négative comme par exemple nec. Je parle de nec car j’ai déjà attribué un autre mot à la conjonction mais qui a un petit air de négativité : noc.
On aurait alors quelque chose comme nec mes ou menes en forme contractée et une forme interrogative façon nec es me ? ou nes me ?
On a donc maintenant : es or nes, let es questo ?
A voir à l’avenir comment cela va évoluer.
Maintenant, il faut que je développe un vocabulaire minimum et que je conjugue tout cela.
Du travail en perspective.
Ah oui, j’oubliais le mot or pour la conjonction ou. Ce petit mot anglais fait parfaitement son usage.