le revenu universel dans la vie des jeunes.

Comme nous avons dit dans l’article d’ouverture de cette série sur le revenu universel : « Un revenu universel est un revenu alloué à chaque personne sans conditions de ressources, de patrimoine et de statut professionnel et sans justification ni devoir. ».

Il est donc versé aux mineurs au même titre qu’aux majeurs.

Mais pour ceux-ci, il sera difficile d’en faire un usage approprié du fait de leur condition d’enfant et d’irresponsabilité. Il faudra donc mettre en place un système de gestion de ce revenu à égale valeur entre les besoins d’usage immédiat et les besoins futurs.

Dès sa naissance (et même avant) un enfant a besoin de tout ce qu’un adulte a besoin lui-même, un toit, se nourrir, se soigner et s’habiller. Bien sûr, avant sa naissance ce n’est pas à proprement parler le cas mais les parents doivent prévoir l’arrivée de leur enfant avant qu’il ne soit là en lui préparant une chambre (donc éventuellement déménager), en préparant un nombre inimaginable d’objets qui lui serviront dès sa naissance : meubles pour sa chambre, poussette et autre landau, lit canne ou siège automobile, baignoire adapté, pèse-bébé, vêtements qui très rapidement ne seront plus portable du fait de la croissance rapide du bébé, jouets, etc, etc. Et dès sa naissance cela s’amplifiera de multiples façons.

Bon pour la planète, il n’est pas bon de faire trop d’enfants. Mais, s’il n’y a pas d’enfant, il n’y aura pas de reproduction 20 ou 30 ans après, ce sera donc à terme un risque d’extinction de la race humaine. Sans arriver jusqu’à la limitation des naissances qui permettra peut-être de résoudre le problème de l’utilisation des ressources de la terre et de la pollution qui en découle. Pour cela il faudra légiférer ou alors que les mentalités changent du tout au tout. Pour l’instant nous sommes sept milliards d’humains et déjà les prospectives à dix milliards pour 2050 et plus de onze milliards pour 2100 ne vont pas dans le sens d’un reflux… qu’il soit décidé ou imprévu. Et si la consommation et la pollution actuelle, toujours en augmentation malgré des sonnettes d’alarme en fonctionnement perpétuel, il ne sera peut-être plus facile de vivre sur une terre inhospitalière.

Bon. Revenons à nos moutons, enfin à nos chérubins.

La prise en charge avant la naissance puis dès la naissance des frais de vie d’un enfant par le revenu universel ne pourra que bénéficier à la société. Meilleures conditions de vies pour les parents et par la même occasion pour leur rejetons. Dès la mise en crèche ou le placement de jour chez une assistance maternelle, certains seront soulagés de ne pas avoir à payer ces charges de leurs poches mais sur le RU alloué à l’enfant. De même, le fait pour l’enfant de rester avec ses parents parce qu’ils ne travaillent pas à ce moment là, par choix ou par obligation, par exemple d’une maladie chez l’un des membres de la famille ne deviendra pas une situation de stress pour l’ensemble de la famille.

Puis l’enfant grandira, ira à l’école primaire dès que possible et toujours dans de bonnes conditions, les parents de ressources modestes pourront les envoyer dans des clubs sportifs ou tout autre association permettant à l’enfant de développer ses talents naturels. Les parents pourront partir en vacances régulièrement et choisir en toute conscience leur lieu de vie et éviter ainsi la ghettoïsation actuelle des mal lotis par la vie.

Dès l’adolescence, l’enfant qui, actuellement à cet âge, commence à remarquer les différences entre lui, sa famille pauvre et ses copains dont les parents ont des professions suffisamment rémunératrices ou même franchement sont dans une situation d’opulence aura moins à souffrir de ces différences du fait de pouvoir effectuer des activités que ses parents n’auraient pas pu lui permettre sans le RU. Ses activités pour la plupart permettant à l’enfant de s’intégrer socialement sont actuellement pour une partie interdites aux familles démunies. Vient l’âge où votre grand dadais, votre princesse acquierent une autonomie, disons entre 14 et 18 ans. Le fait pour eux de partir seuls à droite ou à gauche, d’avoir un vélo et d’en retrouver un si on leur vole ( et pas en piquant celui qui est dans la cave de la barre d’appartement du HLM ), de pouvoir aller avec les copains en voyage de classe sans priver leurs parents d’une part de ce qui servirait normalement à mettre du beurre dans les épinards (actuellement plutôt un morceau de viande hachée avec les pâtes) sera une bonne chose dans leur confiance en la vie. Je pense qu’effectivement le RU sera pour un grand nombre de français ( environ de 11 à 15 millions de foyers fiscaux ) une bouffée d’air dans une vie actuellement morne, insalubre pour les plus pauvres, basé uniquement sur le travail et pendant laquelle la télé qui est leur seule fenêtre sur le monde et le bonheur fonctionne toute la journée.

Bien sûr, j’exagère un peu car l’argent ne fait pas le bonheur. Mais comme on dit aussi, il y contribue.

Dernière période de la jeunesse insouciante : les études. Combien de jeunes ne font pas d’études ou les abandonnent-ils en cours par manque d’argent ? Souvent la période du lycée marque cette transition et les enfants pauvres prennent souvent à ce moment là des habitudes les menant à l’échec et parmi ces errements, une part des effets négatifs provient sans nul doute de l’absence d’argent de leurs parents. Le jeune a donc dans l’idée de gagner de l’argent et ce leitmotiv en vient à lui faire perdre la réalité des cours, des notes par des absences répétés, des deals, et de devenir un rebut de la société. Alors quand vient le (la !) BAC beaucoup s’arrêtent de ne pas l’avoir réussi. D’autres commencent des études dans de mauvaises conditions et sont en souffrance rapidement. D’autres en viennent à des comportements dangereux pour eux comme la prostitution étudiante. Alors qu’une bonne part de ces maux seraient diminués si le lycéen et l’étudiant avait des ressources propres à le mettre dans de bonnes conditions à la poursuite de ses études.

Je ne parle pas actuellement des changements qui se profilent dans la société française : La privatisation. Celle-ci qui est visible dans le domaine médical avec la diminution des ressources des hôpitaux et la fermeture de ceux-ci au profit de cliniques privées gérées par des grands groupes commencent aussi à toucher l’université. Il suffit de voir le nombre d’établissements, d’instituts privés, pour voir déjà un désengagement de l’état sur ce front là. Et après ce sera les collèges et lycées. Nous sommes vraiment à un tournant et saisir dès maintenant ce qui se joue autour de nous. Car les écoles appartiendront à de grandes entreprises qui feront de celles-ci leur vivier en personnel. En France, on peut déjà voir des écoles internes à de grandes entreprises comme chez Airbus ou dans le domaine de la programmation avec l’école 42 de Xavier Niel ou encore l’école du cinéma de Luc Besson et même si celle-ci sont gratuites, la main-mise de leur créateur pour les besoins de ces entreprises est bien là mais c’est certainement le cas pour la plupart des écoles privées supérieures. Les pensées des jeunes seront formatées ou exploitées — mais n’est-ce pas déjà le cas actuellement ?

Le revenu universel permettra peut-être de contrer cela pour libérer les esprits et rendre de l’intelligence brute, axée non plus sur la productivité et la convoitise de l’argent mais sur les causes humanistes de notre société, l’amélioration de la vie de chacun et la créativité.

Maintenant que j’ai exprimé en quoi, la mise en place du RU sera bénéfique à nos descendants, il faudra parler de la mise en place administrative et de la gestion de ce pactole. Pour info, le montant total perçu par un enfant sur sa période de vie de 0 à 18 ans se montera à 221 616 euros en se basant sur un versement mensuel de 1 026 euros et cela sans revalorisation. Cela fait une belle somme. Quel est le coût d’un enfant pour ses parents et la société sur cette même période ? Quelle somme doit être transmise aux parents pour les besoins de vie et d’éducation ? Quelle somme doit-être conservée en bas de laine pour l’entrée dans la vie de ces jeunes. Comment financer les universités publiques pour qu’elles restent ouvertes et dispensent un enseignement moderne et de qualité ? Pour cette dernière question, j’ai une idée : le financement des études d’une personne sera suivi pour cette personne d’une période à déterminer d’un service civique en adéquation avec la branche d’étude qu’il aura suivi : internat dans les hôpitaux (pour les médecins, infirmières et autres professions médicales), travail en administration pour les gestionnaires (comptables, secrétaires et autres), travail dans les métiers du bâtiments pour les ingénieurs, architectes, maçons et autres forçats des travaux publics). Ce service civique n’étant pas dénué d’un salaire puisque le RU viendra en partie ou en tout en adoucir le fait de devoir le faire.

J’entendais dernièrement un ami m’expliquer que ce qu’il gagnait maintenant en fin de carrière était normal (gros salaire en temps que contractuel dans un hôpital) et qu’il pouvait en disposer comme il l’entendait sans avoir de comptes à rendre et que pendant ses études, il avait mangé des vaches maigres — ce dont je doute puisque ces parents n’étaient pas à proprement parler pauvre — et qu’il avait perdu son temps de jeunesse — mais gagné de l’argent ensuite par voie de conséquences. Je dirai de mon coté que ses études ont été payé par la communauté, qu’il a pu les faire justement grâce à la situation de ces parents que des milliers de jeunes n’en ont pas eu la chance car devant s’assumer dès leur majorité — et même avant, souvent —, que sa situation professionnelle et son niveau d’études ne pouvait en aucun cas lui permettre de se prévaloir de cette situation pour un salaire important au détriment de toute la communauté. Je pense que l’institution d’un système universel et maintenant par ces dernières lignes d’un service civique pourrait diminuer le ressenti de cet ami et le mien à l’inverse.

Pour les autres questions dont je faisais référence ci-dessus, je pense que dans la période de l’enfance, le montant du RU doit être partagé entre les frais qu’occasionnent l’enfant dans cette période et une épargne dont il pourra disposer à sa majorité, à ce moment là, il pourra définir ses priorités : suivre des études, voyager, créer une entreprise, acheter un appartement, une maison ou remettre à plus tard son utilisation. Une entrée dans la vie courante très ouverte pour son bien et celui de la société.

Je reviens maintenant sur l’aspect humaniste du RU. J’ai montré, je pense ici les avantages dont pourraient tirer parti chacun de son instauration. Que ce soit les personnes percevant ce RU mais aussi les gouvernements qui pourraient le mettre en pratique. Je ne doute pas que c’est une révolution. Des idées qui émergent de plus en plus pour moi à l’écriture de ces articles mais ne faut-il pas, ne vaut-il pas en passer par là pour rendre cette société plus responsable de chacun et enrayer l’égoïsme et l’absence d’empathie ambiant ?

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